Les documents de planification, tels que les plans locaux d’urbanisme (PLU), sont devenus des projets stratégiques et politiques à part entière. Ils sont désormais incontournables pour conforter la place du végétal et de la biodiversité dans les aménagements urbains tant publics que privés. Éclairage.
Dans un contexte global de lutte contre l’artificialisation, de sobriété foncière et de renaturation de la ville, la planification, alors même qu’elle est à la base de tout aménagement, est souvent paradoxalement déconnectée du monde des espaces verts. Ces derniers risquent d’ailleurs d’en être exclus à moins d’être protégés au titre des PLU.
Pour y voir plus clair, l’association Plante & Cité a réalisé un vaste programme fondé sur une grande enquête menée auprès des territoires de 2018 à 2022. Cette étude a bénéficié du soutien de VALHOR, des ministères en charge de l’écologie et de la cohésion des territoires ainsi que de la région Pays de la Loire. L’objectif ? Aider les collectivités territoriales et les acteurs de l’aménagement à mieux intégrer le végétal et la biodiversité dans la planification urbaine. Pour obtenir des effets concrets, les collectivités peuvent en effet actionner un ensemble de leviers pour agir en complémentarité sur toute la chaîne d’actions (voir schéma à la page suivante). Favoriser l’interdisciplinarité entre les élus et le dialogue interservices pour faire équipe pour plus de nature et de végétal est à cet égard essentiel. L’engagement et le soutien des collectivités permettent par ailleurs de mobiliser des moyens, d’animer l’action au quotidien et d’assurer sa pérennité sur le long terme. Enfin, les volets de formation et de sensibilisation complètent ces facteurs de réussite.
Parallèlement, comme le rappelle Michel Audouy, paysagiste concepteur, secrétaire général de VALHOR, « l’écologie nous invite à raisonner en termes de protection et de continuités (trames vertes, bleues, brunes et noires). En ce sens, les plans locaux d’urbanisme comme les schémas de cohérence territoriale peuvent être des outils efficaces pour planifier les espaces plantés à toutes les échelles, et plus largement le paysage des territoires urbanisés. Dans ces circonstances, des compétences en matière de milieux naturels, de sols, de traitement de l’eau, de gestion des espaces et de choix des végétaux sont nécessaires. » Autrement dit, les savoirs et les savoir-faire des professionnels de l’horticulture et du paysage en matière de réalisation et de création de milieux vivants sont partie intégrante de la ville et des territoires de demain.
L’étude a abouti à la rédaction d’un recueil de 12 fiches proposant des recommandations opérationnelles autour de quatre domaines d’action : connaître, protéger, urbaniser, gérer. Parmi celles-ci, nous avons choisi d’en mettre ici deux en évidence.
Comment mobiliser les orientations d’aménagement et de programmation ?
Les OAP sont situées à l’articulation de la planification et de la conception. Ce sont des pièces obligatoires des PLU qui guident les porteurs de projet et permettent d’afficher les objectifs de la collectivité concernant la création et la protection du végétal et des espaces de nature, et d’insuffler des logiques d’aménagement. Elles peuvent porter sur un secteur donné ou avoir une approche plus globale sur un enjeu spécifique. En l’état actuel, la mobilisation des OAP pour le végétal, la nature et les sols n’est pas suffisamment généralisée.
« Pour penser urbanisme et nature, il est indispensable d’actionner une diversité de leviers d’action, en complémentarité dans les différents champs que sont la planification, l’aménagement et la gestion. »
Sandrine Laramendy, paysagiste conceptrice et urbaniste, chargée d’étude à Plante & Cité
À quels autres outils du règlement de PLU recourir ?
D’autres dispositifs sont à disposition pour faciliter la végétalisation du bâti, permettre la circulation de la petite faune, sanctuariser des espaces de pleine terre en cœur d’îlot, respecter des distances de recul pour le bien-être des végétaux, limiter l’imperméabilisation ou encore contraindre la réutilisation des eaux pluviales… On peut même arriver dans certains cas à des obligations de démolir. Le duo de tête des leviers mobilisés dans plus de 70 % des PLU est constitué des obligations de créer des espaces verts ou espaces de pleine terre (71 %) et des obligations d’installations de gestion des eaux pluviales et de ruissellement (71 %).
Ces règles peuvent être très efficaces à la condition d’être simples, précises et vérifiables. Il faut également trouver le bon compromis entre l’optimisation du foncier pour la construction et la réservation d’espaces suffisants pour les espaces de nature. S’interroger sur la mobilisation de ces outils dès le début de l’élaboration des plans permet de les présenter aux décideurs au même titre que les sous-secteurs du zonage ou la localisation des continuités écologiques. C’est sur cette base que les arbitrages pourront être effectués en toute connaissance de cause.
Pour en savoir plus :
Laramendy S., Chollet M., Végétal et espaces de nature dans la planification urbaine – Recueil de fiches actions, en accès libre sur www.plante-et-cite.fr
Ce texte a été publié dans la Lettre Cité Verte éditée à l’occasion du Congrès des Maires 2022
20.12.2022