Par Jean-Marc Bouillon, Président du fonds de dotation Intelligence Nature, Administrateur de VALHOR
Les derniers épisodes caniculaires ont renforcé la nécessité d’une approche écologique concrète dans laquelle la nature apporterait, en plus de la biodiversité ou de la beauté, des compétences techniques, de rafraîchissement, d’infiltration, de dépollution de l’air et des sols, de stockage de CO2, de lutte contre l’anxiété… L’ensemble de ces services fournis par la nature, au cœur de nos villes, rendent nos lieux de vie, nos aménagements urbains, plus agréables, mais aussi plus efficaces et plus résilients face aux aléas climatiques.
Mettre le paysage au service d’un meilleur fonctionnement des villes implique de replacer au centre des débats et des enjeux l’humain, les habitants, la cité et ses usages. En effet, nous n’adaptons pas nos villes pour protéger la nature, mais pour celles et ceux qui y habitent, y travaillent ou les fréquentent. Les stratégies de végétalisation massives qui en découlent seront évidemment différentes si elles concernent les lieux d’habitat, les lieux de travail ou la constitution d’itinéraires de fraîcheur par exemple.
Pour utiliser au mieux l’intelligence de la nature et adapter nos villes au réchauffement climatique par des solutions végétales, il faut inverser les regards sur notre façon de concevoir les projets. Nous devons partir de l’eau, privilégier la préservation de la ressource par de l’infiltration de surface et utiliser nos espaces verts pour cela. Il faut ensuite sélectionner des arbres adaptés au milieu urbain et les planter dans ces nouveaux cheminements de l’eau pour garantir la pérennité des services qu’ils vont produire et dont nous aurons tant besoin. Cette infrastructure verte, qui peu à peu se dessine en ville, saupoudrée au cœur de nos tissus urbains, au plus près de ceux qui en ont le plus besoin, change les regards sur les réponses à adopter en termes de gestion de la densité urbaine, de maîtrise de l’artificialisation (ZAN), de meilleur confort thermique, d’accueil de la biodiversité etc.
80 % de nos villes sont privées, 20 % publiques.
Toutes les composantes de la ville doivent être mises à contribution. Si l’élu a la capacité d’agir sur le foncier public, il faut aussi mobiliser les particuliers et les entreprises dans une logique de préservation de l’ensemble des surfaces déjà végétalisées.
Les maisons et leurs jardins urbains représentent 60 % des parcelles cadastrales et 70 % des arbres matures. Ce patrimoine végétal est un atout considérable pour affronter les chocs climatiques à répétition.
Préparer l’avenir suppose de placer le végétal environnemental et ses ressources au cœur des projets.
Les solutions simples existent, elles sont souvent végétales.
Lire la Lettre Cité Verte numéro spécial Congrès des Maires 2023
23.11.2023